Après une période d’instabilité marquée par la flambée inflationniste, les taux de crédit immobilier français entrent dans une phase de normalisation. Pour les futurs acquéreurs préparant un projet immobilier en 2026, comprendre cette évolution devient essentiel pour optimiser leur stratégie d’achat.
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Situation actuelle : accalmie sur les taux d’intérêt immobilier mais vigilance de rigueur
Depuis plusieurs mois, les taux moyens des crédits immobiliers connaissent une accalmie notable.
En octobre 2025, les taux de crédit immobilier affichent une stabilité remarquable après deux années de forte volatilité. Les dernières données montrent des taux moyens de 3,10% sur 15 ans, 3,22% sur 20 ans et 3,30% sur 25 ans. Cette stabilisation marque une pause dans la spirale haussière qui avait débuté fin 2022.
L’Observatoire Crédit Logement/CSA confirme cette tendance avec un taux moyen de 3,12% en septembre, après cinq mois de stabilité autour de 3,07%. Pour Michel Mouillart, professeur d’économie et directeur scientifique de l’Observatoire, cette évolution reste ‘finalement pas mal compte tenu de ce que l’on disait il y a un an’.
Le pire est-il passé ?
Après le pic du début 2024 (environ 3,55 %), la tendance s’est inversée : depuis août 2025, le taux moyen stagne autour de 3,01 %. Cette stabilité rompt avec la dynamique haussière des années précédentes, offrant enfin un souffle aux ménages éligibles au financement. Pourtant, malgré cette évolution positive, le volume total des nouveaux prêts ne retrouve pas encore son niveau d’avant-crise, preuve que la confiance des investisseurs et des particuliers reste fragile.
D’après les derniers baromètres, le stock global des crédits immobiliers aux particuliers dépasse 1 535 milliards d’euros fin août 2025, alors que la production mensuelle atteint 12,2 milliards d’euros. Ce signal encourageant confirme la reprise après le creux du début 2024, mais la prudence demeure : beaucoup attendent une relance durable du marché résidentiel français à l’automne, sans certitude sur la solidité de cette embellie.
À quoi s’attendre pour 2026 ?
Les experts s’accordent sur une remontée progressive mais contenue des taux en 2026. L’Observatoire Crédit Logement/CSA prévoit un taux moyen autour de 3,40% fin 2026, contre 3,08% au second semestre 2025. Cette hausse de 0,32 point s’explique par un environnement macroéconomique plus tendu, marqué par une inflation persistante et une croissance modérée.
Michel Mouillart anticipe pour 2026 ‘une zone de platitude des taux’, soit une phase de stabilité prolongée autour de 3,25% après deux années de hausses rapides. Cette perspective dessine un marché du crédit plus prévisible pour les emprunteurs.
Les facteurs déterminants
La politique monétaire de la BCE reste le facteur principal. Après avoir abaissé ses taux directeurs de 25 points de base en juin 2025, la Banque centrale européenne maintient désormais son taux de dépôt à 2,0%. Les projections tablent sur une inflation moyenne de 1,9% en 2026, ce qui pourrait permettre une détente monétaire graduelle.
Les obligations d’État françaises (OAT) jouent un rôle crucial dans la fixation des taux. Le rendement de l’OAT à 10 ans, actuellement autour de 3,3%, influence directement les conditions bancaires. La récente dégradation de la note de crédit française par S&P Global Ratings exerce une pression haussière sur ces rendements.
Le contexte budgétaire français suscite des inquiétudes. Avec une dette publique estimée à 114% du PIB en 2025, les marchés surveillent attentivement les décisions gouvernementales. Le projet de loi de finances 2026 prévoit un gel de certaines prestations sociales et peu de mesures favorables au logement.
Réglementation et stratégies bancaires : comment sont fixés les taux ?
Les banques doivent composer avec un cadre réglementaire strict, dominé par le taux d’usure. Ce seuil maximal légal vise à protéger les emprunteurs : pour octobre-décembre 2025, il s’établit à 5,09 % sur les prêts à taux fixe supérieurs ou égaux à 20 ans. Ce plafond, indépendant de la conjoncture monétaire, oriente directement la politique tarifaire des banques. À chaque révision trimestrielle, les établissements ajustent leur offre pour rester dans les clous tout en préservant leur équilibre financier.
Dans ce contexte, le respect du taux d’usure impose parfois des ajustements : modulation des durées de remboursement, sélection accrue des dossiers ou différenciation selon le profil client. De plus, il est essentiel de considérer les intérêts hypothécaires lors de l’analyse globale d’une offre, car ceux-ci jouent un rôle déterminant dans le coût final pour l’emprunteur. Les emprunteurs constatent donc des différences selon leur situation, même si la grille officielle laisse peu de marge de manœuvre aux prêteurs. La vigilance est de mise pour négocier les meilleures conditions possibles.
Face à la pression sur les taux frontaux, les banques misent sur d’autres leviers pour préserver leurs marges. Les frais de dossier et surtout l’assurance emprunteur demeurent deux sources majeures de revenus complémentaires. Ces coûts annexes, souvent sous-estimés lors de la simulation initiale, alourdissent le coût total du projet immobilier. L’assurance, quant à elle, reste incontournable et participe pleinement à la rentabilité de l’opération, notamment sur les prêts longue durée.
La concurrence reste vive, mais elle profite surtout aux profils jugés solides : hauts revenus, apport conséquent, stabilité professionnelle. Les primo-accédants ou profils atypiques rencontrent plus de difficultés, car les banques privilégient la sécurité de leur portefeuille. Dans cet environnement, la montée en puissance des outils numériques facilite la comparaison des taux fixes, des frais et des assurances, offrant une transparence inédite mais exigeant aussi une grande vigilance lors de la signature du prêt.

